La conception participative se propose aujourd’hui comme une technique de travail centrée sur l’utilisateur final du produit. Celui-ci est impliqué dans tout le processus de conception par exemple de son site internet ou application web. La co-conception, co-design ou cocréation selon l’appréhension de chacun est une pratique axée sur l’innovation et l’équipe. Sa mise en application consiste à organiser des ateliers au cours desquels les utilisateurs finaux et les UX designers travaillent tous ensemble. Le design participatif facilite l’analyse des besoins pour mieux définir les mesures à prendre (fonctionnalités, etc.) pour personnaliser l’interface au goût des utilisateurs. Zoom !
Histoire de la conception participative
Le codesign est une pratique qui a puisé ses racines d’un mouvement syndicaliste d’envergure « cooperative design » en Scandinavie en 1970. L’objectif du mouvement était de pousser les employeurs à favoriser l’adhésion des travailleurs dans la conception de nouveaux outils dont ils seront les principaux utilisateurs. Ceci dit, les employés veulent que leurs opinions et besoins soient écoutés et pris en compte dans la réalisation des futurs outils qu’ils devront utiliser. La « conception coopérative » était alors baptisée « Scandinavian Workplace democracy mouvement », ce qui signifie en français « mouvement scandinave de démocratie au travail ».
Le mouvement prône ainsi l’importance de la dimension sociale dans la mise en œuvre de nouvelles technologies. Les chercheurs avaient étudié de fort en comble, à cette époque, les voies et moyens pour inclure la co conception dans la réalisation des logiciels. Ils recherchent le mécanisme à adopter pour que ces logiciels reçoivent l’adhésion de tous et s’exploitent plus facilement. De grands projets du codesign définition ont vu alors les jours sous l’hospice de ce mouvement ; il s’agit entre autres du : projet Florence, projet UTOPIA, etc.
Son revirement sur l’échiquier scientifique
La période couvrant les années 1980-1990 a été constituée en un vaste chantier d’étude approfondie de cette nouvelle approche par les professionnels et chercheurs américains. La co-conception a alors perdu sa connotation syndicale suite à ces études et est adoptée par les communautés scientifiques et du génie logiciel. Dès l’an 2000, les Français et Européens sont également rentrés dans la danse, ce qui favorise la naissance de plusieurs sociétés spécialisées dans le domaine.
Consultation publique autour d’un projet d’urbanisme à Helsinki
Kaihsu Tai [CC BY-SA 4.0], via Wikimedia Commons
Le co-design définition ou la conception participative scandinave avait pris une dimension politique. Elle avait pour objectif de permettre aux participants de mieux appréhender les nouvelles technologies ou de les renier. Cependant, la nouvelle formule de la cocréation est plus orientée aujourd’hui vers la recherche de solutions innovantes et la créativité collective. Le design collaboration est davantage impliqué dans la conception des outils interactifs (site web, logiciels, applications mobiles…). En suivant l’allure des mutations économiques et de l’évolution du numérique, le design participatif constitue aujourd’hui le moyen idéal pour faire face aux exigences d’innovation.
L’adoption de la stratégie de co-conception : les motivations
L’objectif dans l’organisation des ateliers d’UX design collaboratif n’est pas de conduire les utilisateurs finaux à aboutir par eux-mêmes à une solution finale. Cette pratique consiste pour les UX designer à recueillir leurs diverses préoccupations ou besoins pour en tenir compte dans la conception finale de l’outil. Seules les équipes de conceptions ont la qualité de concevoir les interfaces définitives du logiciel en jeu.
Toutefois, les utilisateurs pourront suivre rigoureusement l’évolution du projet de conception et avancer leurs remarques et souhaits le long du processus de conception. Ceci permet à la collaboration designer d’intégrer au fur et à mesure les notions énumérées par ceux-ci et d’adapter les fonctionnalités à leur goût. Le bénéfice principal de cette méthode du design collaboratif est le fait de concevoir une interface personnalisée sur des bases solides (adhésion de l’utilisateur).
Le mécanisme de mise en œuvre de la conception participative
Cette vidéo entretient mieux sur le déroulement d’un atelier de cocréation
La pratique de collaboration design se démarque généralement par ses trois qualités principales. Il s’agit de l’immersion, l’apprentissage mutuel et l’idéation qui sont renforcés par la stratégie de manipulation d’objet.
Immersion
L’implication personnelle des utilisateurs dans le processus de conception d’un outil de développement leur permet de se sentir concernés par le projet. Ce sentiment d’appartenance personnelle les oblige à mieux adopter le produit. Cependant, du côté des UX designers, la conception participative leur permet de s’imprégner de manière optimale des problèmes et/ou attentes des utilisateurs. Ils s’immergent donc dans l’univers et le contexte sémantique de ces derniers afin de leur proposer un outil adapté et répondant minutieusement leurs besoins.
Apprentissage mutuel
L’atelier UX est une méthode qui permet aux équipes de conception de mieux appréhender le comportement des utilisateurs. Ils ont donc la facilité de comprendre les circonstances dans lesquelles les utilisateurs exploitent ou veulent exploiter le produit. Le UX designer analyse également les contraintes qu’ils ont et leur manière de réagir. Dans ce même temps, les utilisateurs aperçoivent les enjeux et les contraintes qu’impose la conception UX. Le but d’un apprentissage mutuel est d’amener les UX designers et les utilisateurs à s’attendre et à produire un langage commun.
Idéation
L’atelier de conception entre UX designer et les utilisateurs est une méthode qui facilite la naissance de nouvelles idées que l’équipe de conception aurait peut-être ignorées. Le fait que l’utilisateur final est appelé à s’exprimer librement sur les fonctionnalités, les services ou les contenus apportent une plus-value à la réalisation du UX designer.
Manipulation d’objet
La co création design est une approche qui se réalise sur la base de plusieurs formes d’objets physiques : maquettes, cartes, etc. Les utilisateurs peuvent placer leur projet dans un contexte donné en fonction de l’atelier UX. Ceci nourrit leur imagination et favorise leur expression tout en optimisant la compréhension des idées.
Les formes d’une organisation du design collaboratif
Un atelier de cocréation peut s’animer sous plusieurs formes, mais il en a qui sont très connues et très pratiques.
Future workshop
C’est l’une des formes d’atelier en co conception, elle incite les utilisateurs principaux à imaginer de nouvelles solutions dans leurs outils et usages. Le future workshop se déroule sous forme d’un brainstorming au cours duquel les utilisateurs échangent sur leurs outils sous la modération d’un UX designer. Cet atelier se passe en trois phases :
- Les utilisateurs font des critiques sur leurs activités et outils actuels,
- Ils imaginent un cadre de travail adapté à leurs attentes,
- Ils avancent des idées facilitant l’aboutissement à la solution définitive,
À titre illustratif, vous aurez ceci :
Future Workshop via Writeopinions
En exemple, une version de Google Design
CARD
Collaborative Analysis of Reciquiements an Design (CARD) est le type d’atelier de co design définition qui facilite l’identification de l’activité des utilisateurs. Ces derniers sont appelés à utiliser au moins 5 types de cartes génériques auxquels ils apportent des compléments :
- Tâches ou actions à réaliser,
- Interaction (agir avec un coéquipier),
- Objets (la manipulation),
- Perceptions (exposition de ses observations),
- Décisions (à prendre)
Les différentes cartes obligent les utilisateurs à se concerter pour une description de leur mode de travail. Ainsi, au terme de l’atelier, ils devront être capables de compléter et d’assembler ces cartes pour illustrer leur activité.
Au cours d’un atelier CARD, Les utilisateurs manipulent les cartes pour représenter comment ils travaillent.
PICTIVE
Plastic Interface for Collaborative Technology Initiatives through Video Exploration (PICTIVE) est l’atelier de conception de maquettes par les utilisateurs. Il s’agit de la basse-fidélité ou le brouillon des écrans qui expose le positionnement des éléments (zoning).
En amont, l’utilisateur est appelé à déterminer les scénarii de travail qui cadrent avec son activité. Les marquettes du logiciel qu’il concevra, doit correspondre à ces scénarii. L’UX design met à la disposition des utilisateurs des crayons, papiers, ciseaux, etc. pour la réalisation des maquettes. Il y ajoute aussi l’ensemble des composants d’une interface.
Maquettes suite à un atelier PICTIVE (http://www.mikes3dgallery.com/)
Conception participative distribuée
Distributed Participatory Design (DPD) est la méthode de réalisation des ateliers de design collaboratif avec des outils en ligne. Cette pratique est encore dans sa phase primitive (expérimentale), mais elle permet d’associer un nombre plus large d’utilisateurs sans trop dépenser.
Par ailleurs, chacun des ateliers énumérés ci-dessus pourchasse un objectif précis. Pendant le future workshop cherche à recueillir l’ensemble des besoins/problèmes, le CARD permet cerner le contexte de travail de l’utilisateur.
La PICTIVE quant à elle cherche à impliquer l’utilisateur dans la conception des maquettes. Ceci permet à l’équipe de conception de dénicher ses réelles attentes.
